Meta supprime 600 postes IA : Llama 4 menacé ?

Jérôme HENRY

En pleine course effrénée vers la Super Intelligence Artificielle, Meta frappe un grand coup : 600 licenciements dans sa division IA. Pourtant, quelques mois plus tôt, Mark Zuckerberg distribuait des primes de 100 millions de dollars pour débaucher les meilleurs talents. Alors, que se passe-t-il vraiment dans les coulisses de l’empire Llama ?

Cette décision, annoncée le 22 octobre 2025, touche principalement les équipes FAIR (Fundamental AI Research), les produits IA et l’infrastructure. Cependant, Meta maintient que son ambition reste intacte : développer la super intelligence et conserver son leadership face à OpenAI et Google.

« Cette restructuration n’est pas un recul, c’est une réorganisation stratégique pour gagner en agilité. » — Jérôme HENRY, Consultant IA – Dixie Consulting

Pourquoi Meta coupe dans ses effectifs IA maintenant ?

Derrière cette décision se cache un paradoxe flagrant. D’une part, Meta investit 65 milliards de dollars en 2025 dans ses infrastructures IA. D’autre part, l’entreprise licencie 600 personnes. Comment expliquer cette contradiction ?

Premièrement, Meta subit une pression financière croissante. En effet, les investissements colossaux dans les data centers (1,3 million de GPU Nvidia prévus fin 2025) et la course aux talents ont créé un « gonflement organisationnel ». Par conséquent, l’entreprise cherche à rationaliser ses opérations sans ralentir ses ambitions technologiques.

Ensuite, la concurrence s’intensifie. OpenAI, Google et notamment DeepSeek (la startup chinoise qui a bouleversé le marché avec des modèles ultra-performants à faible coût) forcent Meta à revoir sa stratégie. De plus, le retour sur investissement de certains projets IA tarde à se concrétiser : Meta AI, l’assistant intégré à WhatsApp et Instagram, n’a pas encore convaincu le grand public malgré 1 milliard d’utilisateurs mensuels annoncés.

Enfin, le contexte interne joue un rôle majeur. Selon Alexandr Wang, directeur de l’IA chez Meta, ces suppressions visent à réduire les couches hiérarchiques. Ainsi, moins de discussions seront nécessaires pour prendre des décisions, et chaque personne aura plus de responsabilités et d’impact. Toutefois, cette explication masque mal une réalité plus complexe : de nombreux employés récemment recrutés (parfois avec des primes à 8 chiffres) songent déjà à démissionner, citant un manque de direction stratégique.

« La bureaucratie est l’ennemi numéro un de l’innovation en IA. Mais attention : tailler dans les équipes historiques comme FAIR, c’est aussi perdre une expertise irremplaçable. » — Jérôme HENRY, Consultant IA – Dixie Consulting

Quelles équipes sont touchées par la restructuration ?

Les licenciements ne visent pas toutes les divisions de manière égale. Analysons les secteurs impactés :

FAIR (Fundamental AI Research) : le pilier historique sacrifié

Le laboratoire FAIR, créateur de PyTorch et référence mondiale en recherche IA, est lourdement touché. Cette unité a notamment contribué aux avancées en vision par ordinateur et au développement des premiers modèles Llama. Néanmoins, Meta semble privilégier la recherche appliquée au détriment de la recherche fondamentale.

Infrastructure IA : optimiser les data centers

Les équipes chargées de la gestion des serveurs et des GPU subissent également des coupes. Cependant, ce choix peut sembler contre-intuitif : comment gérer 1,3 million de GPU avec moins de personnel ? En réalité, Meta mise sur l’automatisation et l’externalisation partielle (partenariat de 27 milliards avec Blue Owl Capital pour le data center Hyperion en Louisiane).

Produits IA : recentrage sur l’essentiel

Plusieurs équipes travaillant sur des fonctionnalités IA secondaires (traduction en temps réel, génération vidéo expérimentale) voient leurs effectifs réduits. Par ailleurs, Meta concentre ses ressources sur Meta AI, son assistant conversationnel, et sur l’intégration IA dans les lunettes Ray-Ban Meta.

TBD Lab : l’équipe protégée

À l’inverse, le TBD Lab (nouveau groupe d’élite créé en 2025) échappe aux licenciements. Cette division, composée de talents recrutés à prix d’or chez OpenAI et Google, travaille sur des projets confidentiels liés à la superintelligence. Ainsi, malgré les tensions internes (Shengjia Zhao, co-créateur de ChatGPT, a failli démissionner quelques jours après son arrivée), Meta protège cette unité stratégique.

Llama 4 est-il en danger après ces licenciements ?

La question brûle toutes les lèvres : ces licenciements vont-ils impacter Llama 4, la nouvelle génération de modèles IA open-source de Meta ? Rassurez-vous : Llama 4 est déjà lancé depuis avril 2025, et ces restructurations visent plutôt l’après-Llama 4.

Llama 4 : trois modèles, trois philosophies

Pour rappel, Llama 4 se décline en trois versions :

  • Llama 4 Scout : 17 milliards de paramètres actifs, fenêtre de contexte de 10 millions de tokens (record de l’industrie), conçu pour tourner sur un seul GPU H100
  • Llama 4 Maverick : 17 milliards de paramètres actifs, 400 milliards de paramètres totaux, modèle multimodal (texte + images)
  • Llama 4 Behemoth : 288 milliards de paramètres actifs, 2 trillions de paramètres totaux (encore en entraînement), surpasse GPT-4.5, Claude 3.7 Sonnet et Gemini 2.0 Pro sur plusieurs benchmarks STEM

Cependant, Llama 4 a suscité des controverses. En particulier, certains développeurs ont accusé Meta d’avoir « optimisé » les modèles spécifiquement pour les benchmarks, gonflant artificiellement leurs scores. De fait, la version « expérimentale » de Maverick testée sur LMArena affichait des performances supérieures à la version publique. Néanmoins, Ahmad Al-Dahle, vice-président IA de Meta, a démenti ces accusations, attribuant les variations à des problèmes temporaires d’implémentation chez les fournisseurs cloud.

Impact des licenciements sur Llama 5

Si Llama 4 semble épargné, qu’en est-il de Llama 5 ? Les licenciements dans FAIR (laboratoire historique) pourraient ralentir les recherches exploratoires. En revanche, le TBD Lab (non touché) travaille déjà sur les futurs modèles. Par conséquent, Meta mise sur une approche différente : moins de recherche fondamentale, plus de recherche orientée produits.

De surcroît, Meta a annoncé Llama 4 Reasoning (modèle de raisonnement avancé) pour fin 2025. Ce projet, développé par le TBD Lab, devrait concurrencer directement OpenAI o3-mini et DeepSeek R1. Ainsi, malgré les coupes budgétaires, la roadmap Llama reste ambitieuse.

ModèleDate LancementStatut Post-Licenciements
Llama 4 Scout / MaverickAvril 2025✅ Déjà déployé (non impacté)
Llama 4 BehemothFin 2025⚠️ Entraînement en cours (risque léger)
Llama 4 ReasoningNovembre 2025✅ Développé par TBD Lab (protégé)
Llama 52026 (estimé)⚠️ Recherche exploratoire ralentie

Comparaison : Meta vs OpenAI vs Google (effectifs IA)

Pour comprendre la stratégie de Meta, comparons-la à celle de ses rivaux. Qui investit le plus ? Qui licencie ? Qui recrute encore ?

Meta : investissements record, licenciements tactiques

En 2025, Meta investit entre 66 et 72 milliards de dollars dans les infrastructures IA (data centers, GPU, R&D). Paradoxalement, l’entreprise licencie 600 personnes tout en recrutant massivement dans le TBD Lab. Cette stratégie s’explique par une volonté de recentrage : Meta préfère payer cher quelques experts plutôt que d’entretenir des équipes pléthoriques.

OpenAI : croissance exponentielle, pression financière

OpenAI, de son côté, ne licencie pas. Au contraire, l’entreprise continue de débaucher des talents chez Meta (notamment Mira Murati, ex-CTO). Cependant, OpenAI fait face à une pression financière croissante : les revenus actuels ne couvrent pas les investissements massifs (partenariat Stargate à 500 milliards de dollars avec SoftBank et Oracle). Par ailleurs, les analystes s’interrogent : cette fuite en avant est-elle soutenable ?

Google : stabilité et diversification

Google adopte une approche différente. L’entreprise n’a pas procédé à des licenciements massifs dans ses équipes IA en 2025. En revanche, elle diversifie ses paris : Gemini 2.0, NotebookLM, recherche quantique (partenariat avec IBM). De plus, Google bénéficie d’une infrastructure cloud déjà mature (Google Cloud), contrairement à Meta qui doit tout construire de zéro.

Qui gagne la course à l’IA ?

Aujourd’hui, aucun acteur ne domine clairement. Cependant, trois indicateurs clés émergent :

1. Capacité de calcul : Meta possède environ 350 000 GPU Nvidia H100 (contre 200 000 pour OpenAI et xAI). Néanmoins, cette avance matérielle ne garantit pas la supériorité algorithmique.

2. Adoption grand public : ChatGPT reste le leader incontesté avec 200 millions d’utilisateurs hebdomadaires. Meta AI, malgré son intégration dans WhatsApp (2 milliards d’utilisateurs), peine à convaincre. Google Gemini progresse grâce à son intégration dans Android.

3. Modèles open-source : Meta domine avec Llama 4 (1 milliard de téléchargements depuis mars 2025). Cette stratégie lui permet de contourner les réglementations européennes (qui favorisent l’open-source) tout en créant un écosystème de développeurs fidèles.

En définitive, la vraie bataille se joue sur le long terme. Comme le souligne Jérôme Henry de Dixie Consulting : « Les licenciements de Meta ne signifient pas un recul, mais un repositionnement tactique. L’entreprise choisit d’investir dans l’infrastructure physique (data centers) plutôt que dans la recherche exploratoire. C’est un pari risqué, mais cohérent avec la vision de Zuckerberg : dominer par la capacité de calcul brute. »

Quel avenir pour Meta AI et Llama après ces licenciements ?

Alors, faut-il s’inquiéter pour l’avenir de Meta dans l’IA ? Pas nécessairement. Malgré ces 600 licenciements, Meta reste l’un des acteurs les plus agressifs du secteur. Voici les signaux encourageants :

Infrastructure en expansion continue

Meta ne ralentit pas ses investissements matériels. En octobre 2025, l’entreprise a inauguré un data center à El Paso, Texas (1,5 milliard de dollars, 1 GW de puissance). De même, le campus Hyperion en Louisiane (27 milliards de dollars via Blue Owl Capital) devrait atteindre 5 GW d’ici 2030. Ces infrastructures gigantesques donneront à Meta une capacité de calcul inégalée.

Llama 4 : adoption croissante

Malgré les controverses sur les benchmarks, Llama 4 connaît un succès commercial. LinkedIn, Pinterest et des centaines de startups intègrent ces modèles. En outre, Meta AI (l’assistant conversationnel) devrait atteindre 1 milliard d’utilisateurs mensuels actifs fin 2025, selon Mark Zuckerberg.

Partenariats stratégiques

Meta multiplie les alliances : accord avec LightOn (IA générative française), partenariat avec Mattel (jouets intelligents), et négociations avec des gouvernements pour déployer Llama dans les administrations. Ces collaborations renforcent l’écosystème Llama.

Risques à surveiller

Toutefois, plusieurs défis persistent :

  • Turnover des talents : plusieurs recrues coûteuses du TBD Lab ont déjà quitté Meta, frustrées par le manque de clarté stratégique
  • Pression réglementaire : l’Union européenne interdit l’utilisation de Llama 4 (licence restrictive), limitant la portée des modèles en Europe
  • Concurrence de DeepSeek : la startup chinoise a prouvé qu’on pouvait créer des modèles performants à moindre coût, remettant en question l’approche « brute force » de Meta

Pour les TPE, PME et indépendants qui envisagent d’adopter l’IA, que retenir de cette actualité ? Premièrement, privilégiez les modèles open-source comme Llama 4 : ils offrent flexibilité et transparence sans dépendance à un fournisseur unique. Ensuite, surveillez les évolutions réglementaires : Meta adapte sa stratégie aux contraintes européennes, ce qui pourrait influencer vos choix technologiques. Enfin, ne misez pas tout sur un seul acteur : diversifiez vos outils IA (ChatGPT pour la rédaction, Llama pour les projets spécifiques, NotebookLM pour la recherche).

Chez Dixie Consulting, nous accompagnons les entreprises dans l’intégration de l’IA (formation, conseil stratégique, développement d’agents IA personnalisés). Besoin d’un audit IA pour votre activité ? Contactez-nous pour une consultation gratuite.

En conclusion, les 600 licenciements chez Meta ne signent pas la fin de Llama. Au contraire, ils illustrent une transformation profonde : Meta passe d’un modèle de recherche académique (FAIR) à une approche industrielle orientée produits. Cette mutation, bien que douloureuse, pourrait lui permettre de rattraper son retard sur OpenAI et Google. Cependant, la vraie bataille se jouera sur l’adoption grand public : Meta AI parviendra-t-il à séduire les utilisateurs face à ChatGPT et Gemini ? Réponse dans les prochains mois.

Article publié le 25 octobre 2025 par Dixie Consulting, votre partenaire IA à Marseille. Pour aller plus loin, découvrez notre analyse complète de Llama 3.2 et son positionnement face à Google et OpenAI.

Jérôme HENRY

En tant que consultant en transformation digitale chez Dixie Consulting, je suis un expert du service client et un gestionnaire de projets aguerri, plaçant l'intelligence artificielle (IA) au cœur de mes approches.Mon objectif premier est d'assurer la satisfaction des clients en intégrant judicieusement l'IA pour faciliter leur transition digitale.Axé sur les résultats, je m'efforce de relever les défis de la digitalisation des processus en optimisant les performances grâce à l'IA.Chez Dixie Consulting, on accompagne les TPE et PME vers un avenir numérique réussi, propulsé par les avantages de l'IA.Retrouvez-moi sur LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/jerome13henry/